
La diffusion du film d'animation iranien Persepolis en dialecte tunisien sur la chaîne de télévision privée Nessma TV a fait l'objet des vives réactions d'une partie de la société tunisienne. Ces réactions concernant en particulier une scène du film ou le personnage de fiction est en proie à des questionnements d'ordre métaphysique. On voit alors les pensées de la jeune fille se matérialiser par l’apparition d'un autre personnage présenté dans le film comme étant dieu. Cette présentation d'une entité divine dans une oeuvre fictionnelle aurait ainsi, selon les propos tenus par ses détracteurs, été une insulte à la religion musulmane qui interdit toute représentation d'Allah. Sur la toile, les (petits) esprits s'echauffent, certains appelant au boycott de la chaine de télévision accusée de defendre les interet sioniste alors que d'autre appellent à la destruction pure et simple de ses locaux ! Les extremistes n'ont pas attendu plus de 48h pour mettre leurs menaces à execution.
selon l'AFP, 300 salafistes auraient, en effet, tenté d'incendier dimanche le siege de la télévision privée. Une tentative avortée par les forces de l'ordre, le porte-parole du ministere de l'interieur, Hichem Meddeb, faisant état d'une centaines d'arrestassions, cette réaction radicale de la part des salafistes n'est pas étonnante, ils ont déja prouvé leur étroitesse d'esprit en un recours systématique à la violence lors de précédentes polémiques, notamment celle de la diffusion du film laicité inch'allah dans les salles du cinéma AfricArt. La reaction d'une partie de Tunisiens condamnant la diffusion d'un film d'animation est autrement plus surprenante. Sans pour autant inciter à la violence, certain ont vu dans ce film, et particulièrement dans la scene décrite plus haut, un contenu blasphématoire. "La Tunisie est un pays musulman", répète-ils pour seul argument. Inutile de le répéter, la grande majorité de la population est musulmane nous le savons tous, mais est-ce une raison pour faire de la grande majorité de la population un troupeau de moutons uniformes incapables d'agir ou de réagir de manière rationelle ? N'est-il pas venu à l'esprit de ces détracteurs de la dernière heur qu'il ne s'agit ni plus ni moins d'une fiction ?et que l'entité divine qui y est représentée est également fictionnelle et qui plus est le fruit de l’imagination d'une fillette de six ans ? Nos concitoyens ont-ils perdu le sens des réalités et sont-ils à ce point menacés dans leur foi, pour que ce dessin animé leur provoque tant d'émoi ? N'ont-ils pas été amusés, pour certain , lorsque le comédien Jim Carrey, dans le film Bruce tout-puissant s'est vu octroyer les pouvoirs d'un dieu tout aussi irréel, pendant sept jours? Y ont-ils vu une atteinte à leurs croyance les plus profondes ou au contraire ont-ils passé un moment plaisant qui ne saurait avoir un rapport avec leurs principes religieux ?
Quels que soient les calculs et les arrière-pensées supposées des personnes ayant décidé de diffuser ce film à un moment aussi sensible de notre démocratie naissante, et ces raisons ont l'objet d’hypothèse diverses, plus ou moins louables pour la chaîne, ces censeurs d'un genre nouveau ont visiblement perdu toute capacité de discernement.
La vigilance est de mise concernant cette nouvelle forme de censure que certains veulent imposer celle du "religieusement correcte" dicté par l'absence de jugement réfléchis
tiré du quotidien-TN (Mardi 11 octobre 2011)
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